Depuis une haute antiquité, l’Iran a été modelé par des lieux de culte, tombeaux ou sites naturels exceptionnels, formant une véritable géographie sacrée. À l’arrivée de l’islam au milieu du 7e siècle, les temples du feu zoroastriens furent convertis souvent en mosquées, comme dans l’Occident médiéval, où des lieux sacrés celtiques devinrent souvent des églises. Interdits par le Prophète, bannis par les premiers musulmans, les mausolées ont néanmoins fleuri, dès le 9e-11e siècle, pour vénérer les chefs de guerre, les saints soufis, les Imams chiites et leurs descendants (les Imamzadeh). La multiplication des sites funéraires a provoqué le développement d’un réseau dense de pèlerinages, faisant des mausolées, en ville ou dans des lieux reculés, des nœuds à la fois religieux, sociaux, politiques et économiques.
Aujourd’hui, l’Iran est veiné de pèlerinages plus ou moins locaux et nationaux. Le plus important est celui de Mashhad, où est enterré le 8e Imam des chiites, Reza (mort en 818), le seul des douze Imams du chiisme duodécimain à être enterré en Iran (les autres Imams sont enterrés soit en Irak, soit en Arabie saoudite). La sœur de l’Imam Reza est enterrée à Qom, ville d’études théologiques, qui constitue l’un des centres intellectuels du chiisme iranien. Le mausolée de Shah Cheragh, à Shiraz est peu à peu devenu un pèlerinage d’importance nationale, mais chaque région de l’Iran a ses tombeaux vénérés.

Mausolée de Qom (fondé au 9e siècle), dédié à la sœur de l’Imam Reza, 8e Imam chiite enterré à Mashhad. Photographie : ©Patrick Ringgenberg.