La poésie fut centrale dans l’Iran préislamique, mais, essentiellement orale, elle ne nous est parvenue qu’à travers de rares textes, comme les gathas dans l’Avesta, texte sacré majeur des zoroastriens. Devenu terre d’Islam au 7e siècle, l’Iran va devenir un paradis de la poésie, qui va être écrite, mais surtout chantée et transmise de cœur à cœur. Toujours vivante, elle est, pour les Iraniens, la langue universelle qui embellit le monde, révèle l’essence de l’âme, efface les distinctions sociales, vivifie chaque jour une mémoire culturelle.
Dans l’Orient islamisé, où la langue arabe s’impose dans tous les domaines (religieux, politique, administratif, scientifique), la langue et la culture persanes doivent à des poètes son renouveau : Rudaki (v. 880-v. 941), considéré comme le premier grand poète persan, et surtout Ferdowsi (v. 940-1019/25), né et mort à Tus, non loin de l’actuelle Mashhad. Dans son épopée du Livre des rois (Shahnameh), Ferdowsi raconte en près de 50’000 distiques la succession des rois et des héros, mythiques ou historiques, depuis la création du monde jusqu’à la conquête arabe. En des vers à la majesté dense, il a ranimé le persan en lui donnant une force pérenne. Plus même : il a donné un sens à l’Histoire, remis le passé au présent et contribué, à sa manière, à iraniser l’islam, en nourrissant la conscience collective d’un Iran de gloire et de sagesse immémoriale.

La tombe du poète Ferdowsi, Tus (Mashhad), 1934. Photographie : ©Patrick Ringgenberg.